A la rencontre du Steaua Bucarest
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A la rencontre du Steaua Bucarest

Votre serviteur est allé à la rencontre d'un géant du basket roumain, le Steaua CSM EximBank Bucarest. Un grand merci à Ionut Georgescu.

Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ? (Poste, passion pour le club, depuis quand vous y travaillez)

Je suis Ionuț Georgescu, le manager général du Steaua CSM EximBank. Je travaille pour ce club depuis 2015, après avoir travaillé pour le CSU Asesoft Ploiești, 11 fois champion de Roumanie.

Quand a été créé le club ? Dans quel contexte ?

Le club que nous connaissons comme Steaua CSM EximBank prend racines au début des années 1950. Steaua, enregistré comme CCA à cette période, a été fondé en 1952 et appartenait à l’armée roumaine. Le basket-ball était un des nombreux sports où l'Armée s'est impliquée. Elle finança des équipes et des athlètes, en commençant par le football (fondé le 7 Juin 1947), en passant par les principales équipes de handball (l’équipe homme a été fondée en 1949), le volleyball. Et enfin atteint les sports individuels, de l’athlétisme jusqu’à la lutte, l’escrime ou la gymnastique. L’équipe a gagné son premier titre de champion en 1956. Deux ans plus tard, l’équipe menée par Emil Nicolescu, Mihai Nedef, Andrei Folbert and Alexandru Fodor commença une course de 7 championnats nationaux. Le basketball fut implanté en Roumanie après la Première Guerre Mondiale. Selon le témoignage d’un des premiers joueurs de basket du pays, Richard Hillard, « immédiatement après la reddition des forces allemandes de la Première Guerre Mondiale, le haut commandement nord-américain donna tout le matériel qu’ils eurent acheté pour l’Europe pour les pays qui faisaient partie de la coalition victorieuse ». Ce témoignage recueilli par Valentin Albulescu dans le livre : « Basketball. Small encyclopedia », révèle que l’équipement envoyé à Bucarest était adressé par l’Institut d’Education Physique pour une « Société pour la Jeunesse », Y.M.C.A- ce dernier réalisant une enquête après des lycées de la capitale, Bucarest, pour y envoyer des étudiants qui seraient intéressés par la pratique de ce nouveau sport. Ainsi, les premières compétitions de basketball en Roumanie étaient en fait des compétitions entre écoles.

La Roumanie est ensuite devenue un des huit membres fondateurs de la FIBA, le 18 Juin 1932. Au début des années 1930 et 1940, le basket roumain fut dominé par  le Sportul Studențesc (un club entretenant de fortes liaisons avec l’université de Bucarest, une équipe d’étudiants) et CFR (l’équipe qui a appartenue à la société de chemin de fer roumaine). Au début des années 1950 marquées par un changement dans l’évolution du basketball roumain.

Les clubs les plus importants dans le sport roumain (CCA / Steaua -  le club de l’Armée et le Dinamo – le club du ministère de l'intérieur et de la sécurité de l'état) ont fondé des équipes de basket. Ces 2 équipes ont développées une intense rivalité, et se sont ensuite partagé 42 couronnes et détiennent actuellement le record des plus nombreux titres dans le basket roumain. (Dinamo - 22 titres et Steaua - 21 titres).


Quelle fut l’histoire de ce club? (Périodes importantes, moments forts, participations à des compétitions européennes).

ARMOIRE A TROPHEE :

Championnats de Roumanie : 1956, 1958, 1959, 1960, 1961, 1962, 1963, 1964, 1966, 1970, 1978, 1980, 1981, 1982, 1984, 1985, 1986, 1987, 1989, 1990, 1991

Coupe de Roumanie: 1966, 1981

Steaua CSM EximBank s’est fixé pour objectif de « revenir parmi les étoiles », pour regagner sa place dans le Panthéon du Basketball Roumain. Les cinq dernières années, l’équipe a eu une ascension continue et rapide dans les classements nationaux, en essayant en même temps de créer  une formule commerciale qui fonctionne.

Le Steaua s’est classé troisième la saison dernière en “Liga Națională”, l’élite du championnat de Basketball Roumain et est actuellement deuxième dans le championnat, à la fin du championnat de  la saison régulière. C’est une longue et riche tradition qui se résume à la lumière de ses 21 titres de champions de Roumanie.

Deux ans plus tôt, le Steaua était dans la course pour le titre de champion de Roumanie, deux ans seulement après avoir fait son retour au plus haut niveau national. L’équipe finit la saison régulière à la seconde place avant d’atteindre la demie finale en play-off. Cela a marqué le retour au premier plan du fier club fondé en 1952.

Le Steaua fit ses débuts en coupe d’Europe en 1957, et apparu régulièrement dans les compétitions européennes pendant 40 ans. Sans oublier une aventure en Euroligue lors de la saison 1960-1961 où le club fut éliminé en demi-finale par le futur champion, le CSKA Moscou.

Le premier doublé coupe-championnat arriva en 1966, tandis que le club remporta son dixième titre en 1970. Le Steaua Bucarest connu un retour à la suprématie domestique avec un nouveau titre en 1978 avant de gagner dix titres de champion entre 1980 et 1991, avec un autre doublé en 1981. Le club de la capitale a également compté deux apparitions en coupe Korac en 1996 et 1997. Soit cinq ans après le dernier titre de champion national mais des problèmes financiers lancèrent le déclin du club. En 2003, seul le niveau espoir continua à perpétuer la riche tradition du club et la fierté de porter les couleurs rouges et bleues.

Le club s’est relancé en fusionnant avec le BC Târgoviște (une équipe basé à environ 80km au nord-est de Bucarest), mais le club connu tout de même des difficultés pour se maintenir dans l’élite. Le Steaua Bucarest termina deux fois d’affilée quatrième en atteignant notamment la finale de la coupe domestique en 2011. Malheureusement, le club fut tout de même évincé de la compétition avant le commencement de la saison 2011-2012 pour cause de problèmes financiers persistants.

L’arrivée au club de Virgil Stănescu donna un nouvel élan au Steaua. Ainsi malgré la descente en deuxième division du club en 2012, le club se relança en obtenant la promotion dans l’élite dès la saison suivante. En 2013, l’équipe rouge et bleue, signa un partenariat avec CSM Bucarest, consolidant ainsi sa position de place forte du basket de la capitale et lui permettant de continuer son ascension. Après une expérience au cours de la saison 2015/2016 en Eurocoupe, le Steaua s’est lancé cette saison dans l’aventure de la compétition  nouvellement-né, la FIBA Europe cup. En Eurocoupe, le Steaua, dont ce fut la première participation, fut opposé en phase de groupe à l’Unics Kazan, Banvit, le Trabzonspor, Buducnost et l’Aris Salonique  réussissant à gagner deux matchs. Le match contre l’Aris nous permis d’établir un nouveau record à la « Polyvalent hall », avec 4000 spectateurs. A la fin de cette aventure, nous recevions les appréciations de l’Euroligue.

Où évolue l’équipe ?

Le Steaua joue ses matchs de championnat à domicile à la “Mihai Viteazul” Arena, une salle multifonction, qui a malheureusement une capacité limité de seulement 300 places. Notamment à cause d’une arène caduque, le Steaua ne bénéficie pas d’une « fan base » solide durant ses matchs à domicile et, si l’on se fie aux statistiques fournies par la ligue nationale, le Steaua se classe avant-dernier en terme de fréquentation, juste au-dessus du traditionnel rival du Dinamo. Qui possède la deuxième pire fréquentation moyenne pour les matchs à domicile en championnat. Néanmoins, le Steaua a joué ses matchs de FIBA Europe cup à la « Polyvalent hall », comme pour les matchs de playoff de la saison dernière. C’est une salle pouvant accueillir des événements sportifs différents située à Bucarest (Parc de Tineretului). C’est une salle d’une capacité de 5300 places qui est également utilisée pour des évènements comme des concerts, des conférences et des sports en salle tels que le tennis, la gymnastique, la danse, le handball, le volleyball, l’haltérophilie, les sports de combat et la lutte professionnelle. Le dernier gros événement qui s’est déroulé à la salle polyvalente fut un match de FED Cup (tennis) entre la Roumanie et la Belgique cette année en février. D’autres événements se sont également déroulé dans ce complexe sportif comme la finale de la coupe d’Europe de handball entre la Hongrie et l’Ukraine cette année, le championnat d’Europe de Judo en 2004, le championnat d’Europe d’haltérophilie en 2009, la finale de la coupe d’Europe EHF entre le Oltchim Râmnicu Vâlcea et le Viborg HK en 2010 et enfin la finale du SuperKombat World Grand Prix en 2012 (kickboxing).

Quels furent les plus grands succès du club?

Le Steaua CSM EximBank s’est récemment classé deuxième du championnat roumain, en ayant réalisé à mi- saison une incroyable série de 11 victoires sur les 12 premiers matchs de saison régulière. Le Steaua a vu quatre de ses joueurs sélectionnés pour le All Star Game, (Equipe du sud) : Marius Runkauskas, Cameron Long, Mihai Paul, Cătălin Baciu. De plus, Levi Szijarto (meneur de jeu) détient le record du nombre de titres nationaux gagné par un joueur jouant actuellement dans le championnat roumain. (12 titres et 14 finales jouées)

Est-ce qu’il existe une rivalité avec une autre équipe?

Dans le basketball, le Steaua et le Dinamo partagent une rivalité légendaire, comme ils le font dans le football et presque dans tous les sports en Roumanie. Le derby est appelé « L’Unique derby ». Depuis la fondation de ces deux équipes, au début des années 1950, ce match a souvent décidé qui allait être le champion, et cela pendant quatre décennies. Les deux équipes se battaient non seulement pour le titre national mais également pour la gloire européenne, créant une fine rivalité qui a bénéficié à l’équipe nationale roumaine, son noyau dur étant composé des joueurs des deux équipes.

Douze milles personnes avaient pour habitude d’assister aux matchs Steaua – Dinamo et le chaos était partout. La domination des deux équipes pendant le communisme était telle que les journalistes sportifs de l’époque arrivèrent au point de se plaindre d’un fiasco complet d’avoir un championnat à plein temps durant les années 1970. On pouvait notamment lire dans Sportul (le journal sportif principal de l’époque): "Globalement, 20 basketteurs de ces deux équipes principales reçoivent une formation toute l'année pour une compétition de 5 matchs au maximum, qui doivent décider du gagnant du championnat. Les autres matchs sont presque des matchs de gala et l’humiliation d’adversaires limités ».


Comment se porte le basket en Roumanie ? (popularité du basket dans le pays, clubs majeurs, participation aux coupes européennes…)

La révolution en 1989 a amené un nouvel ordre du basket roumain. Seuls 5 des 43 titres ont été décrochés par le Steaua et le Dinamo sous le nouveau régime. Le célèbre CSU Asesoft Ploiești est devenu la nouvelle force en présence, ensuite les villes du nord ont volé la vedette aux clubs de la capitale, avec Cluj et Sibiu qui restent des fortes équipes. Le Steaua CSM EximBank s’est fixé pour objectif de recouvrir sa couronne, en empruntant le noyau dur de la dream team de Ploiești qui a gagné 10 championnats (entre 2004 et 2010 et 2012 et 2015) et 6 coupe de Roumanie, mais aussi le FIBA EuroCup Challenge, en 2005. Ces résultats font d’Asesoft Ploiești le club qui a le plus grand succès de ces dernières décennies dans le basket roumain. Cinq joueurs de l’effectif actuel du Steaua – le capitaine Mihai Paul, Levente Szijarto, Marius Runkauskas, Vlad Negoițescu  et Bogdan Popa – ont joué et gagné des titres avec l’Asesoft, tandis que des autres anciens leaders de l’Asesoft font maintenant partie de l’équipe rouge et bleue. Virgil Stănescu (ancien joueur de la sélection roumaine notamment passé par le Steaua, Teramo ou encore l’UNICS Kazan)-l’actuel président du Steaua- est revenu dans son pays natal pour jouer pour Ploiești. Et il réussit à faire une bonne transition de joueur actif à membre officiel du staff en se joignant au nouveau programme de management du Steaua tout en jouant pour l’Asesoft. Ainsi, moi aussi, Ionuț Georgescu, je suis manager général pour le Steaua Bucarest et j’étais auparavant celui de l’Asesoft Ploiești, tandis que Ronald Anzur, le préparateur physique de l’équipe, travaillait aussi pour l’Asesoft.

Comment pourriez-vous décrire les fans de votre équipe ?

La « fanbase » du Steaua grandit, comme vous pouvez le constater par l’intermédiaire d’une communauté grandissante sur facebook. Les fans loyaux se sont regroupés autour de l’équipe, revivant la passion lumineuse de son glorieux passé, sous l’autre régime. Le management de l’équipe cherche constamment la meilleure manière d’améliorer l’expérience des fans, pour la rendre plus facile et plus agréable.

Un dernier mot ?

Le Steaua travaille actuellement dur pour s’améliorer, non seulement sur le terrain, mais aussi en termes de commercialisation et d’engagement des fans. L’équipe a fait de ceci sa mission pour poursuivre une mission sociale, pour soutenir l’idée de lier études et performances sportives, en développant un programme réellement fort pour les juniors, en aidant les jeunes athlètes à grandir et se projeter vers les équipes principales. Ce programme a notamment vu Georges Darwiche (18 ans) intégrer l’équipe première, évoluant dans la ligue nationale ainsi qu’en FIBA Europe Cup, et faire une très bonne impression à son poste de meneur. Steaua CSM EximBank s’est fixé pour but de donner à la communauté par un engagement caritatif sur le long terme, ainsi en créant le « Reading Stands Tall program », qui voit ses fans rapporter des livres à chaque match à domicile, pour les enfants et les adultes qui n’ont pas accès à cette ressource importante. De plus, le Steaua a révolutionné l’expérience des fans de l’équipe, en accordant un contrat de travail d’un jour avec la Ligue Nationale aux fans ayant obtenu le meilleur score à un concours composé de cinq défis, le « Play for Steaua ».

Encore Merci beaucoup à Ionuț pour sa gentillesse, la pertinence de ses explications et sa disponibilité. Longue vie au Steaua ! Et à bientôt mon ami !