Interview exclusive de Jacques Monclar : ''Il y a une parano de la part de la NBA''

Interview exclusive de Jacques Monclar : ''Il y a une parano de la part de la NBA''

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Crédit photo : Be In Sports

C'est avec joie et un immense honneur que le groupe Inside Basket est allé à la rencontre de Jacques Monclar, l'emblématique voix et encyclopédie du Basket. Pour Inside Basket Europe, il revient sur l'équipe de France, sur le championnat de Pro A et sur les attentes autour du Paris-Levallois.

Inside basket Europe : Boris Diaw a déclaré que la France va aller chercher une médaille lors de la Coupe du Monde. Peut-on réellement y croire ?

 

Jacques Monclar : Oui, comme d'autres. Il y a beaucoup de bonnes équipes. Il y a les Etats-Unis et l'Espagne, eux on les connait, mais je pense qu'il y a beaucoup d'équipes dangereuses.

 

Ce groupe n'est pas un cadeau notamment avec le Brésil en ouverture. Il y a eu ce match de préparation contre la Serbie, mais c'est une équipe qui nous a battus dans son registre en Slovénie. Même si c'était un match sans enjeu, même si c'était un match amical, c'est une deux défaites avant de les rejouer en match officiel, ce qui n'est jamais la meilleure des préparations.

 

Après l'Espagne, no comment. Ce n'est pas un cadeau encore une fois.  L'Egypte, il faut faire attention, parce que c'est une formation qui peut prendre feu à trois points, plutôt bien structurée. Enfin l'Iran est une équipe qu'il faut prendre au sérieux.

 

Le débat est de savoir à quelle place tu sors de ce groupe. Bien sûr tu ne peux pas savoir ce qu'il va se passer dans l'autre groupe, et nous avons connus les coups de Trafalgar. C'est une compétition rapide, où tu tombes très rapide dans la mort subite.

 

ISBE : Outre l'absence de Tony Parker, que pensez-vous du secteur intérieur des Bleus et notamment du rookie Rudy Gobert ?

 

J.M : C'est bien. Il a un bon sens du contre, du timing et du replacement défensif. Bien sûr il a besoin d'expérience, de vivacité, de repères et de développer son jeu d'attaque. Je pense qu'il a eu un vrai impact. Joffrey Lauvergne et Ian Mahinmi vont apporter du physique et c'est aussi pour cela que l'équipe de France ne pouvait pas partir avec seulement deux postes 5.

 

C'est difficile de les juger offensivement, même si Joffrey a montré de très belles choses. Lorsqu'il n'y avait pas Boris, il n'y avait pas l'alimentation au poste bas et du coup c'est évident que leurs attaques étaient moins efficaces.

 

ISBE : Il y a un manque de médiatisation et des stars qui manquent à l'appel. Est-ce que la Coupe du Monde de Basket sert-elle à quelque chose ?

 

J.M : C'est une compétition internationale. Si nous comparons au handball par exemple, nous sommes un sport où il y a un peu moins de compétitions.

 

Maintenant, il y a une parano de la part de la NBA par rapport à ce qui est arrivé à Paul George. Ces matchs sont terribles. George en prend pour une saison, et c'était la même chose avec Pau Gasol lorsqu'il était à Memphis. Il y a eu des blessures lors des compétitions internationales.

 

Alors bien sûr caler un championnat du monde entre le championnat d'Europe qualificatif pour les Jeux Olympiques et bien entendu les Jeux, ne fait pas le pendant au jeu, mais c'est une belle compétition et Team USA a largement les moyens. Il n'y a que deux champions olympiques dans cette équipe, James Harden et Anthony Davis.

 

Il faut aussi souligner que la Grèce n'était pas qualifiée, mais elle a obtenu sa wild card, ce qui prouve qu'elle avait envie de jouer cette compétition. Des équipes comme la Grèce ou l'Italie ont besoin de leurs équipes nationales, comme ce fut le cas pour la France.

 

ISBE : Justement, par rapport à Paul George, Vincent nous a expliqué que la France allait avoir des difficultés à récupérer ses Frenchies ?

 

J.M : Je pense que cela va être difficile. J'ai dans l'esprit que cela peut encore tenir jusqu'à Rio 2016, mais après ça va être compliqué. De plus, il va y avoir des compétitions et des qualifications pendant la saison, et les joueurs NBA ne disputeront pas ces matchs-là.

 

ISBE : Pour revenir sur l'équipe de France, comment expliquer que cela marche avec Vincent Collet ?

 

J.M : Vincent est installé, il y a toute une organisation autour de lui et il y a les joueurs. Sa conception du basket est excellente, quelle soit collective, individuelle. Il a su gérer la vie de groupe et des leaders se sont dégagés au fil des années. Tony et Boris bien sûr, mais aussi Nicolas Batum, Antoine Diot.

 

Il y a des garçons comme Florent Piétrus qui a un statut un peu à part, comme Mickael Gelabale. Tu as des tauliers là-dedans. Un garçon comme Nando De Colo n'a pas quitté l'équipe de France depuis 2008. Il est rentré avec Michel Gomez et il a toujours été là (jusqu'à sa fracture de la main lors du match de préparation face à l'Ukraine, à  Antibes).

 

Ensuite, on peut entre guillemets dire qu'il y a des clubs phares. Ces mecs ont leurs repères, les préparations sont rôdées. Il y a le décollage à l'INSEP, il y a ensuite la montée en puissance à Pau, y a Antibes qui s'impose de plus en plus et la finition à Strasbourg. Ils ont du plaisir à être ensemble tout simplement.

 

ISBE : Limoges est le nouveau champion de Pro A, mais est-ce que le CSP va avoir un parcours à la Nanterre en Euroligue ?

 

J.M : Le parcours à la Nanterre, c'est malheureusement le parcours de la France depuis sept, huit ans avec bien entendu tout le respect pour ce que les Naterriens ont fait. C'était une belle aventure. C'était le cas de Cholet, de Villeurbanne, de Nancy, ou encore de Strasbourg.

 

Cette poule B, ce n'est pas une poule cadeau, et géopolitiquement parlant Moscou et Tel-Aviv ne sont pas des déplacements faciles. Il y a un bon club de Zagreb, l'Alba Berlin faut voir et Malaga est une forte équipe. Faut maintenant voir comment tu joues toi et arrêter de regarder les autres. Tu peux choper des matchs.

 

Il y a le public, un stade qui sera blindé, il y aura une envie. Allez-y les gars.

 

ISBE : Le Paris-Levallois –t-il les moyens de faire mieux en Pro A et en Eurocoupe ?

 

J.M : Alors oui, nous pouvons effectivement progresser sur les deux tableaux. L'année dernière, on finit cinquième, un peu à la place du con, puisque nous n'avions pas été assez bons pour aller gagner à Nancy en quart de finale.

 

En Eurocoupe, nous étions mal engagés. On a bien fini la compétition, mais malheureusement c'était trop tard. On espère passer le tour, mais il y a toujours la surprise des tirages au sort.

 

On a quatre étrangers, trois Américains et un Sénégalais, et nos gamins. Nous avons des roles players qui sont arrivés comme Jbam et Xavier Corosine. Nous avons toujours Nicolas Lang, Louis Labeyrie  Giovan Oniangue et le petit Cyrille Eliezer-Vanerot. On peut aussi compter sur la venue de Sharrod Ford. Nous allons voir comment va évoluer l'équipe, et nous allons voir aussi si nous allons surtout voir si nous avons des blessures.

 

A Bamberg, Ford n'avait pas des stats impressionnante, mais il jouait 21 minutes dans une équipe très collective. C'est un joueur solide qui attaque bien.

 

Nous avons clairement envie. Nous avons envie de bien jouer. Nous avons été un peu frustrés par nos bons et mauvais moments l'année dernière. Nous avons perdu nos matchs à l'extérieur et on finit la saison à une victoire de la deuxième et troisième place. Cela laisse des regrets. Mais ce championnat est tellement serré et ce qui nous est arrivé et valable pour d'autres aussi.

 

ISBE : Limoges champion de Pro A rappelle les années glorieuses du CSP. Va-t-on revoir des dynasties du basket français comme avec le CSP, l'ASVEL ou encore Pau-Orthez ?

 

J.M : A mon avis, il faut du temps pour que cela se structure. Il faut surtout un effectif long capable de jouer 34 matchs, qui peut durer sur toute une saison. Il faut laisser le temps, et il ne faut pas oublier qu'il y a une crise dans le marché européen. Les joueurs reviennent en France comme Ali Traoré, Leo Westermann et des étrangers restent. Nous avons par exemple gardé notre MVP français et notre MVP étranger, Antoine Diot et Randal Falker et ce n'était pas arrivé depuis une éternité.

 

ISBE : Tony Parker a de grandes ambitions pour l'ASVEL ? Peut-il réussir dans le business comme il l'a fait sur le terrain ?

 

J.M : On ne peut pas encore parler de business, cela reste encore du basket. Dans le business, tout lui réussira. Après je ne sais comment cela va se structurer, mais ils ont une bonne équipe et TP fait partie des gens qui ont aussi envie de réussir.

 

Mais il y a pas mal de projets en France. Il y en a du côté de Marseille, à l'ASVEL, à Paris, au Mans, autour de sa restructuration. C'est bien ça bouge. Pour ce qui est du Plan Qatar 2015, il faut d'abord que l'on nous laisse attaquer cette nouvelle saison. Nous avons encore une année pour installer les choses, pour fidéliser nos gamins. On n'est pas passé loin la saison passée, que ce soit en coupe ou en championnat. On doit encore travailler.

 

 

Jacques Monclar nous a également apporté son analyse sur la saison NBA et sur la prochaine saison Outre-Atlantique. C'est à lire demain sur Inside Basket.