Gaëlle Millon : ''Le Basket ne peut se passer d'une médiatisation en clair''

Gaëlle Millon : ''Le Basket ne peut se passer d'une médiatisation en clair''

Gaëlle Millon - Mag Basket - Prolongations - Eurocoupe - Equipe 21
Crédit photo : L'équipe - Mounic

Gaëlle Millon, célèbre journaliste de l'Equipe 21, revient pour nous sur la saison Basket de la chaîne et notamment sur son magazine Prolongations.

Inside Basket : Quel bilan tirez-vous de la saison Basket sur l'Equipe 21 et surtout du Mag Basket devenu par la suite Prolongations ?

 

Gaëlle MillonTout d'abord, il faut rappeler que ce magazine devait avant tout accompagner l'Eurocoupe, c'est-à-dire que nous voulions un rendez-vous hebdomadaire pour soutenir la diffusion de la coupe d'Europe, mais aussi pour pouvoir parler de tous les baskets.

 

J'ai été vraiment ravie de pouvoir lancer ce projet et de pouvoir m'y impliquer. J'ai adoré pouvoir parler de tous les baskets chaque semaine et d'avoir ce contact un peu privilégié avec les joueurs, les joueuses et nos Français en NBA. Je pense que c'était une jolie vitrine que l'on offrait et cela a montré aussi que le Basket pouvait aussi avoir un rendez-vous hebdomadaire en clair sur une chaîne comme l'Equipe 21. Sur ce point j'ai été très contente.

 

ISBE : Pourquoi l'émission s'est arrêté après 20 numéros ?

 

G.M : J'ai été un peu déçue forcément quand ça s'est arrêté avant la fin de saison. La raison était simple, puisque le vendredi soir nous diffusions la CasaqLigue et en termes d'audience ces courses hippiques sont plus importantes. La question a été pour le coup de savoir si nous devions décaler le basket, ou si nous devions l'enlever. Comme nous étions en fin d'Eurocoupe, il a été décidé d'arrêter. J'aurais bien aimé que ça continue et il y a forcément une petite déception quand on a porté un projet comme ça, où je me suis engagée et où je jouais un peu tous les rôles dans cette émission.

 

C'est une déception certes, mais c'est aussi une grande satisfaction d'avoir pu quand même pendant 20 semaines avoir un rendez-vous comme ça sur une chaîne en clair. Nous avons vu que nous pouvions le faire, que ce n'est pas si compliqué que ça à faire, et même des joueurs qui nous paraissaient inaccessibles pendant la saison, ils sont intervenus sur notre antenne. Ce fut une expérience enrichissante, positive et qui a eu des bons retours de la part du public basket.

 

ISBE : En termes d'audience, le public Basket était-il présent ?

 

G.M : Le vendredi soir est un jour assez compliqué et notamment la tranche de vingt heures qui reste compliquée en termes d'audience quelque soit le jour. Après nous n'avions pas d'objectif d'audience. Ce n'est pas ça qui nous a fait arrêter. Il y a eu des semaines où cela a très bien marché, d'autres où c'était ridicule. Mais nous avons pu voir que c'était une émission qui était pas mal vue en replay sur le web, donc que les gens allaient chercher le magazine à d'autres heures et d'autres jours que le vendredi 20 heures. De plus, nous avons rediffusé à partir de janvier l'émission le samedi matin à 11h et la rediffusion marchait pas mal non plus.

 

Ensuite, le Basket a pas mal marché chez nous, surtout lors de la première partie de saison où les horaires étaient à notre avantage. En Eurocoupe, nous pouvions avoir des retransmissions en prime-time le mercredi, et c'était plus simple pour nous de fixer un rendez-vous. Lors de la seconde partie de saison avec les arrivées des clubs turcs et russes notamment, on a eu des matchs parfois à 17 heures et là c'est moins flagrant en termes d'audience, puisque les gens ne sont pas forcément devant la télé. Malgré ces problèmes d'horaires en deuxième partie de saison, on a vu que le public basket était présent et on a pu le voir lors du Final Four de Nanterre, notamment le dimanche pour la finale.  

 

On a eu un beau suspens et en plus le grand public est assez attaché au club de Nanterre, qui est plutôt familial. Ce n'est pas péjoratif ce que je vais dire, mais Nanterre c'est un peu le Basket de nos gymnases. Il n'y a pas de stars, c'est très familial et c'est très agréable d'aller voir ce club. Je pense que cela se ressent dans leurs attitudes d'équipe. C'est un club auquel les gens s'attachent, même s'ils ne sont pas parisiens ou de la région parisienne.

 

ISBE : Avec la saison Basket de l'Equipe 21, est-ce que la direction de la chaîne va donner plus de places à la balle orange ?

G.M : Malheureusement ce n'est pas aussi simple que ça. Les enjeux sont importants sur l'Equipe 21 et ce n'est pas en une seule saison que l'on va arriver à installer un sport comme celui là de façon durable. Nous avons fait des coups, nous avons vu que certains soirs ça fonctionnait bien, mais la route est encore très très longue je pense.

 

ISBE : D'ailleurs comment expliquer malgré les bons résultats des équipes de France de basket, que notre sport n'ait pas plus de places dans les médias ?

 

G.M : C'est clair que c'est compliqué à expliquer vu les réussites des équipes nationales. C'est vrai que l'on se dit à chaque fois lorsque l'équipe de France réalise une performance on se dit "ça y est ça va faire décoller les championnats", mais ce n'est pas le cas. La Pro A reste quand même dans l'ombre, qu'on le veuille ou non. Je vous défie de croiser quelqu'un dans la rue et de lui demander s'il connaît les finalistes de la Pro A et la date des matchs de la finale.

 

Aujourd'hui, il y a un pas que l'on n'arrive pas à franchir, mais je pense que la communication est cruciale, voire même obligatoire, que ce soit via les réseaux sociaux, les comptes Twitter, ou encore à travers les sites internet des clubs. Si l'on regarde les sites web des clubs de Pro A, on va dire qu'il y a quatre ou cinq qui sont régulièrement mis à jour,  qui sont enrichis de vidéos etc … Certains sites ne sont pas mis à jour, et l'information et la communication passent par là.

 

Quand nous avons sorti le magazine, certains clubs ont joué le jeu et des sites de baskets aussi, mais ce n'était pas leur priorité et il n'avait pas compris l'intérêt qu'ils avaient à être vus chez nous. Je pense qu'il y a une évolution des mentalités à opérer. Je pense que l'on n'a pas encore pris la mesure de l'importance des réseaux sociaux et d'internet dans la médiatisation des sports.

 

Le vendredi par exemple j'étais comme en campagne électoral, j'allais chercher les téléspectateurs un par un. Ce n'est pas mon métier pourtant, mais il fallait aller chercher les clubs, les clubs de supporters pour dire que si vous voulez du Basket en clair, nous on en donne. Mais ils ne le savaient pas.

 

Après il y a aussi les problèmes de droit. Par exemple la ligue a très peu communiqué sur notre émission parce que derrière y a Canal qui a les droits du championnat et que Sport + avait une émission tous les lundis. Nous sommes un sport où nous ne sommes pas en mesure de se passer d'une médiatisation en clair sur une chaîne comme l'Equipe 21. Malheureusement dans les faits, cela ne se passe pas comme ça.

 

Par exemple avec Limoges, quand nous étions en direct  pour un match, ils ont tweeté avant, pendant et après le match. Pour certains clubs, il n'y avait rien pour dire simplement que si vous n'êtes pas à la salle pour voir le match, qu'il était diffusé en clair sur l'Equipe 21. Nous avons tous à y gagner, mais certains n'ont jamais rien fait.

 

Il y a certes un enjeu d'audience pour nous, mais pour les clubs, ils ont tout intérêt à être vu par rapport à leurs sponsors, par rapport aux retransmissions qu'ils peuvent avoir sur Eurosport, ou aux chaînes locales (...).

 

ISBE : Considérez-vous les sites de Basket spécialisés comme des concurrents ?

 

G.M : Encore une fois, nous, la communauté basket, n'avons pas les moyens à mon avis de se passer de quelconque média qui met en avant ce sport. c'est impossible en fait. Le Basket a besoin de tous ces médias-là, et je pense même que les sites spécialisés sont même là pour combler quand même un peu les failles des grands médias qui ne parlent pas suffisamment de basket. J'exclue l'Equipe parce qu'il y a du Basket tous les jours, il y a des unes également, mais des sites comme Inside Basket, Inside Basket Europe, Passion Basket, ou encore BeBasket et autres sont là pour combler les manques qu'il y a ailleurs. Notre sport a besoin de tous ces sites pour qu'on parle de lui.

 

Un grand merci encore une fois à Gaëlle Millon qui a prouvé à maintes reprises sa volonté de donner plus de places à la balle orange et nous fiers chez Inside Basket Europe et Inside Basket de contribuer à cet effort. Nous avons hâte de la retrouver sur l'Equipe 21 pour parler basket. En attendant, la pétillante journaliste qu'elle est vous retrouve pour les premiers Jeux Européens à Bakou en Azerbaïdjan.