Entretien exclusif avec Laurent Chamu coach du Havre, LF2 - 2eme Partie

Entretien exclusif avec Laurent Chamu coach du Havre, LF2 - 2eme Partie

Laurent Chamu - ALA Le Havre - LF2 -

Suite de notre entretien avec Laurent Chamu, celui qui est à l'origine de la réussite du club du Havre en LF2.

source : @ Romain Chaib

 

Inside Basket Europe : Comment à commencer votre nouvelle aventure en Nationale 1 ?


Laurent Chamu : Nous sommes donc partis avec six joueuses, et nous avons gagné notre premier match après prolongations contre If. Ensuite on a perdu le troisième match à Nantes, et contre Franconville le sixième match, puis le tournant à eu lieu au mois de décembre. On a gagné quatre matchs ce mois-ci, on en a gagné quatre autres en janvier et là on a continué à y croire.

 

En fait, depuis la défaite contre Franconville, le 16 novembre exactement, nous avons été invaincus jusqu'à la fin du mois de mai où malheureusement on perd en playoffs contre Charnay. Mais nous n'avons pas perdu le moindre match à ce moment là, jusqu'au match contre la Roche cette saison, le 2 novembre dernier.

 

 

Nous étions dans une telle euphorie, et on surfé sur cette euphorie. Les joueuses étaient rayonnantes à l'entrainement, rayonnantes d'attitude dans le moindre effort, elles se défonçaient à chaque entraînement c'était incroyable. Elles s'étaient pris au jeu et puis surtout j'avais à faire à des compétitrices...C'était l'osmose totale. Et au final, nous avons réussi à être champions de France.

 

ISBE : Quel est le budget pour pouvoir jouer en Ligue 2 ?

 

L.C : Je crois savoir selon la dernière étude en 2012 que le budget moyen c'est 450000 euros pour un club de Ligue 2 Féminine. Nous, nous avons 250000, le calcul est rapide, on est loin de la moyenne nationale.

 

On est que nous sommes le plus petit budget de la LF2, mais notre année de NF1 nous a permis de combler notre déficit en partie, et cette année encore nous allons le combler en partie. Mais au-delà de l'aspect financier, ce titre a été exceptionnel compte tenu de nos moyens. Les déplacements se faisaient en voiture. Je prenais la mienne, mon assistant aussi. C'était l'aventure, parce que les déplacements, il fallait arriver deux heures à l'avance pour permettre aux joueuses de se dégourdir les jambes.

 

ISBE : Malgré toutes ces contraintes, vous êtes parvenus à revenir en Ligue 2 ?

 

L.C : Tout à fait. Ce qu'il faut aussi souligner, c'est que nous avons réussi à être champions avec 6 joueuses, et donc en faisant du trois contre trois. Bien sûr il fallait aussi travailler le 5*5, mais je faisais venir quatre garçons de pré-Nationale, dont mon fils, un grand passionné qui a toujours répondu présent.

 

Alors pour t'expliquer un peu les entraînements, le lundi ce n'était pas possible parce qu'à six, les joueuses étaient épuisées et elles avaient besoin de repos, et pareil le vendredi, pour qu'elles aient du gaz pour le match du samedi.

 

Du coup, le mardi et le mercredi c'était du 3 contre 3, et seulement le jeudi je faisais 2 heures de cinq contre cinq, où on travaillait sur les systèmes adverses, sur nos propres systèmes de jeu. Quand j'en parle avec mes collègues entraîneurs, ils me disent que c'est incroyable. Oui c'est le mot c'était incroyable. Quand tu as un bon groupe, des compétitrices, qui se donnent tout le temps, et que tu arrive à les faire surpasser, tu peux faire des choses intéressantes en Nationale 1. En Ligue 2 c'est pas la même histoire.

 

source : @ Romain Chaib

 

ISBE : Comment c'est passé ce retour en LF2, alors que le groupe a pas mal changé entre-temps ?

 

L.C : Ljiljana Tomasevic, Caroline Misset sont restées, avec Chéryl Maledon, mais rien n'est simple chez nous, il nous arrive toujours quelque choses de travers. On a eu le cas Kayla Smith, et à chaque fois qu'on arrive en Ligue 2, y a toujours un problème qui nous tombe dessus. Nous avons heureusement déjà eu deux saisons en Ligue 2 et nous avions commis des erreurs, et cela m'a marqué.

 

Du coup, on repart avec trois joueuses, les trois meilleures marqueuses, mais j'ai dû me séparer, à contre cœur de Kristen Jeter. Elle nous a sorti des playoffs de fou, c'était une petite intérieure solide dans la peinture, mais du fait de ses problèmes de genou, j'étais dans l'impossibilité de la conserver.

 

Néanmoins, on garde les cadres, Cheryl Maledon, notre meilleure marqueuse. Ljiljana était la troisième et on a gardé Caroline, car à seulement 19 ans, elle avait un profil intéressant de progression. Malheureusement, rien n'est simple chez nous.

 

Malédon, à trois semaines du début du championnat, elle décide de rejoindre son fiancé, sur l'ile de la réunion. C'est un énorme coup dur pour nous parce que c'était notre capitaine, c'était une des meilleures tireuses à trois points lors de notre dernière saison de ligue 2 en 2011-2012, t quand elle jouait à l'Aveyron. Donc c'était une fille dont on savait qu'elle allait faire le job.

 

Mais heureusement, nous avons réussi à recruter Melissa Mendes, qui est une Haute Normande. J'ai réussi à rentrer en contact avec elle parce qu'elle était dans mes amis Facebook, et notamment lorsque tu es Conseiller Technique, il y a des personnes que tu suis plus que d'autres.

 

Il a fallu quand même travaillé rapidement pour lui apprendre les systèmes, qu'elle s'adapte à notre jeu, pour éviter que son arrivée ne déstabilise le groupe à trois semaines du championnat.

 

ISBE : Comment avez-vous abordé ce nouveau départ en Ligue 2 ?

 

L.C : Nous avons abordé ce championnat en tant que Champion de France de NF1, mais un club qui arrive sur la pointe des pieds et qui voulait juste laisser une équipe derrière. Sauf que Perpignan au bout de deux mois et demi de championnat a été réintégré, du coup les règles n'étaient plus les mêmes et maintenant il y a deux équipes qui descendent.

 

En gros, le règlement a changé en cours de saison, et nous qui avions travaillé pour laisser une équipe derrière nous, ce changement n'allait pas nous faire du bien. Je pense que nous sommes beaucoup dans ce cas-là, genre Charnay, Chartres, Dunkerque, Reims, Aix.

 

ISBE : Désormais, vous êtes quand même à l'abri ?

 

L.C : Maintenant oui, mais si on se remet dans le contexte sur la non-participation de Perpignan, nous et d'autres, nous avons travaillé pour laisser au moins une équipe derrière nous à la fin du championnat. Nous sommes promus. La réintégration a tout changé.

 

Néanmoins, nous avons un bon état d'esprit. De toute façon, nous voulions d'abord faire la loi chez nous, et je pense que c'est ce que nous arrivons à faire. Après il n'y a pas de secret, il faut beaucoup de travail. Je pense que c'est cela qui explique notre bon bilan actuel. Cependant, on avance, mais nous avançons avec tellement de problèmes en cours de route. Je te le dis, rien n'est simple chez nous.

 

Comment avez-vous géré le départ de Kelsey Sigl ?

 

L.C : Notre Américaine, Kelsey Sigl part aux USA pendant la trêve hivernale, et elle joue un match de charité avec son ancienne université. Mais derrière elle se blesse et il faut rappeler qu'elle a déjà était arrêtée pour trois matchs au cours de la saison.

 

Personnellement, je pensais qu'elle ne jouerait plus. Néanmoins, elle est revenue, puis après elle est partie. Donc je me retrouve avec un groupe déstabilisé, on part rapidement à la recherche d'une pigiste ,et même avec tout le talent que Davorka Balic a, ce n'est jamais évident, et derrière on prend deux lourdes défaites charnay et Strasbourg.

 

On sentait qu'on était en danger, car Balic avait du mal à s'intégrer, et le non-retour de Sigl, c'est 10 points et 5 rebonds qu'il faut les combler. Nous avions un groupe déboussolé, mais le tournant aura lieu en 2014, lors de notre match face à l'INSEP.

 

Dernière partie samedi (promis, il n'y aura pas de problème technique)