Alex Moisy - Pau-Lacq-Orthez : ''On ne m'a jamais rien donné''

Alex Moisy - Pau-Lacq-Orthez : ''On ne m'a jamais rien donné''

Pro B - SOMB Boulogne-sur-Mer - Espoir Pro A - Alexandre Moisy
Crédit photo : Cyril D. cyrilobjectif.com
Alexandre Moisy (ici de dos en pleine action défensive) a accepté de répondre à nos questions !

Rencontre avec Alexandre Moisy tout juste MVP du Camp LNB et futur joueur de Boulogne-sur-Mer en Pro B.

Inside Basket Europe : Bonjour Alex, merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Peu de gens te connaissent malgré le fait que tu sois champion de France Espoir Pro A et MVP du Camp LNB. Peux-tu présenter ton parcours à nos lecteurs ?

Alex Moisy : J'ai commencé le basket à l'âge de 4 ans à Sanary-sur-Mer, petite commune du Sud Est de la France. Il faut savoir que beaucoup de membres de ma famille jouaient au basket c'est donc naturellement que je me suis dirigé vers ce sport. Voulant passer un cap, j'ai signé en Minime à Hyères-Toulon, club phare de ma région pour évoluer avec les Minimes France du club. Dès mon plus jeune âge je voulais être professionnel, donc il était très important, malgré mon jeune âge de tenter ma chance dans un club plus huppé. Ma dernière année à Toulon, j'ai participé au Tournoi International à Pau où j'ai été repéré par L'Elan Béarnais. Cela fait maintenant 6 ans que je suis à Pau, Cadet France, Espoir et ma superbe aventure paloise s'achève donc aujourd'hui, car non conservé par le club je viens de signer à Boulogne-sur-Mer.

Que retiens-tu de tes 6 années passées à Pau ?

Je ne retiens que des bons souvenirs. La ville est sympa, j'ai mis peu de temps à m'acclimater car très bien accueilli dans l'équipe. Sur le plan sportif, deux années en Cadet, où l'équipe n'est pas arrivée à accrocher le Final Four mais les saisons ont été satisfaisantes. Quelques personnes au club m’ont dit que jouer en Espoir me serait assez compliqué du fait de ma petite taille. Au final 3 ans en Espoir, conclu par un titre de champion de France. Jouer pour Pau-Orthez a été une grande fierté pour moi surtout que mon père est fan de cette équipe.

Tu quittes le cocon familial à l'âge de 14 ans. Pas trop dur ?

Si car je suis très proche de ma famille, donc les premiers mois ont été assez difficiles. Ma petite sœur avait 6 mois à cette époque, donc comme tous les jeunes qui partent de chez eux ce n’est pas facile tous les jours. Mais comme je l'ai dit plus haut on m'a très bien accueilli ici à l'image de Romain Hillotte de 4 ans mon ainé qui m'a très vite pris sous son aile. Je savais que pour réaliser mon rêve, il fallait que je parte de chez moi, donc je me suis accroché.

Tu me disais que personne ne croyait en toi. Tu as donc dû faire mentir année après année tes détracteurs ?

On ne m'a jamais rien donné. Depuis toujours on me rappelle ma petite taille (rires). Mais j'ai toujours travaillé, tenté de saisir les opportunités qui se présentaient et surtout croire en mes convictions. En Cadets, j'ai débuté en cadet région, avant de jouer en cadet France. En espoir, c'était un peu différent, le coach à l'époque Julien Lalanne m’a fait confiance et cela m'a aidé à progresser. J'ai aussi eu la chance de m'entraîner avec le groupe pro, ce qui m'a permis de continuer à croire en moi et prendre conscience que je pouvais réussir dans ce sport.

Malheureusement, tu n'as pas signé ton 1er contrat professionnel à L'Élan Béarnais. Déçu ?

Oui et non. Oui car j'ai quand même passé 6 ans ici, toute mon adolescence. J'ai beaucoup d'amis ici et je savais qu'en ne restant pas, je devrais aussi leur dire au revoir. Après non, car je pense que le basket de haut niveau est fait d'opportunités et si j'ai la chance alors de pouvoir découvrir pleins d'autres endroits en pratiquant le sport que j'aime alors j'en suis très heureux.

As-tu l'impression que Pau, à l'image de nombreux clubs Pro A avec les jeunes, ne t'a pas donné ta chance ?

C'est compliqué, je suis un meneur de petite taille, comme on en trouve très peu aujourd'hui. Je comprends l'avis des coachs qui est de ne pas utiliser les jeunes. Ils ont la pression du résultat, il suffit qu’il fasse une mauvaise saison pour être limogé, donc c'est compliqué pour eux de nous lancer. Alors oui parfois, tu es sur le banc, tu as envie de dire "je suis là, essaie-moi au pire si ça ne fonctionne pas c'est pas grave mais au moins tu auras tenté". Mais non je n'en veux pas au coach de ne pas m'avoir donné l'occasion de jouer davantage en Pro A.

La génération 95/96/97 a eu très bon résultats dans toutes les catégories. Finir sur ce titre de champion de France est-il l'aboutissement d'une génération dorée ?

En début de saison on voulait être champion de France. L'aboutissement serait que tous les gars soient un jour professionnels et que l’on se retrouve tous sur les terrains. Mais voila, c'est quand même une superbe saison. Six ans dans un même club à côtoyer des gars en or ça restera gravé en moi. Léopold (Cavaliere) par exemple, 6 ans que je joue avec lui est devenu l'un de mes meilleurs amis. C'est la fin d'une belle bande de potes.

Certes, vous terminez champion de France, mais il y a cette défaite en finale du Trophée du Futur...

Oui, c'est une petite déception. On savait que ce serait notre dernier match ensemble, qu'au bout des 40 mins une page de notre vie aller se tourner, mais nous n’avons jamais réellement inquiété Paris ce jour là. On les bat deux fois cette saison, et quand ça compte, sur le match à élimination directe, ils nous battent. C'est toujours difficile de perdre une finale, surtout quand tu pars favori, mais on ne cherche pas d'excuse. il nous manquait Léo, mais on déjà gagner des matchs sans lui. On s'est peut-être vu trop beaux, tout simplement...

L'aventure paloise est donc terminée. Si tu pouvais dire un dernier mot à tes coéquipiers lequel serait-il ?

Je leur dirais tout simplement ... MERCI !!!!

A la fin de la saison, tu as participé à un camp LNB où tu as été élu MVP. Peux-tu nous raconter les 3 jours que tu as passé à L’Insep…

C'est un camp organisé par la LNB. De nombreux joueurs espoirs, qui n'ont pas encore de contrat pro sont exposés devant de nombreux coachs Pro A, Pro B et Nationale 1. Habituellement, je n'aime pas trop ce genre de camp. Je n'y allais pas pour être MVP et je pensais que chacun allait jouer pour lui, pour briller au maximum, mais les coachs ont averti d'entrée de camp, qu'ils jugeraient à l'apport du joueur dans le collectif. Cela m'a mis en confiance, j'ai fait jouer mon équipe, marqué des points et remporté un trophée qui me permet aujourd’hui d'être sponsorisé par PEAK pendant 2 ans.

Avais-tu la pression avant de commencer ce camp, sachant que tu n’avais pas encore de club pour la saison prochaine, ou ta signature à SOMB était déjà actée ?

Non, je n’avais pas de pression, même si je voulais vraiment réussir ce camp. Je voulais prendre le maximum de choses, car je n'avais rien signé avec le SOMB ni avec aucun autre club. Je savais qu'en étant bon durant les 3 jours, des opportunités s'ouvriraient, à moi de les saisir. C'est ce qui s’est passé, mon coach durant le camp, Germain Castano a contacté mon agent et les choses se sont faites très rapidement.

Boulogne-sur-Mer évolue en Pro B. Tu souhaitais minimum jouer en Pro B ?

Non je ne me suis pas fixé de limite, je voulais avant tout un projet. Je ne voulais pas de contrat 1 an car tu as toujours la pression de devoir réussir sinon chômage à la fin de saison. Le SOMB m'a proposé 2 ans, je n'ai pas hésité une seule seconde. Ils ont un projet de jeu porté sur la défense et la contre attaque. Tout ce j'aime dans le basket, je vais le retrouver dans le Nord.

Toi habitué à vivre dans le sud, crains tu d'aller dans le Nord ?

Pour tout te dire je suis né à la Réunion. Réunion, Toulon, Pau je suis un habitué du sud et du soleil. Je vais découvrir le Nord, je n'ai aucun préjugé, j'aurais pu partir n'importe où. J'ai reçu de nombreux avis positifs sur le club, je n'ai donc aucune inquiétude. Plus sérieusement je suis très content d'aller à Boulogne, ils ont un super projet, le club joue souvent les playoffs, super endroit pour commencer ma carrière.

Vois-tu tes deux ans en Pro B comme un tremplin ?

A l'image du Camp LNB, je ne me fixe pas de limite sur le début de ma carrière. A court terme, le principal est de commencer à jouer le plus de minutes possibles, et de continuer à progresser. Ensuite, si j'ai l'opportunité de jouer en Pro A, alors je ferais tout mon possible pour tenter ma chance. Je veux prouver en Pro B, avant de sauter le pas vers la Pro A. J'irais en Pro A quand je serais prêt...

Merci pour l'entretien, je vais juste te poser une dernière question. Tu as l'occasion de remercier des gens qui t'ont aidé à devenir aujourd'hui un très bon joueur de basket, a qui souhaites-tu t'adresser ?

Tout d'abord à ma famille. J'ai fait beaucoup de sacrifices en partant de chez moi à 14 ans, mais eux aussi ils ont en fait. Ils m'ont toujours soutenu, m'ont aidé financièrement pour que je puisse réaliser mon rêve. Dans tous les clubs où j'ai joué, j'ai eu de très bons coachs. Aujourd'hui je souhaite leur dire merci. Tous mes amis qui font qu'aujourd'hui j'ai un entourage très stable. Mon agent, qui a su m'écouter et très bien me conseiller dans tous les choix que j'ai eu a faire, et pour finir un remerciement particulier pour Romain Hillotte, qui m'a pris sous mon aile à 14 ans à mon arrivée à Pau. Aujourd'hui il est comme un grand frère pour moi...